Xavier GILLOT- Ressources

ARTICLE sur Xavier GILLOT paru dans "La Mémoire des Français Libres, Hommes et combats". Tome VI. p 2706

Le médecin-colonel Xavier Gillot, Compagnon de la Libération et président de la section AFL du Loiret, est décédé le 10 juin 1996 dans sa propriété d'Épieds-en-Bauce (Loiret).

Né le 22 décembre 1909 à Autun (Saône-et-Loire), où son père était avoué, il est admis à l'École de Santé Navale de Bordeaux pour y suivre ses études de médecine et, engagé volontaire pour six ans au titre de l'École de Santé Navale, nommé dans le corps du Service de Santé des troupes coloniales.

Promu au grade de médecin-souslieutenant des troupes coloniales le 31 décembre 1931 puis à celui de médecin-lieutenant le 31 décembre 1933, une première affectation l'envoie en 1936 en Indochine (Laos) dans un groupe sanitaire mobile : il en sera rapatrié sanitaire fin 1938.

Le médecin-lieutenant Xavier Gillot est mobilisé et affecté au 223' RAC. De septembre 1939 à janvier 1940, il participe, dans l'est, à la campagne de France : à Bitche d'abord puis à Montmédy. Il est promu au grade de médecincapitaine le 25 décembre 1939.

En mars 1940, il est désigné pour servir en AEF et affecté au département

de l'Alima-Likouala-Mossaka (MoyenCongo) comme médecin-chef du groupe sanitaire mobile n° 1. II effectue le dépistage et la prophylaxie de la trypanosomiase (maladie du sommeil), du paludisme et autres endémies tropicales.

Dans son désir de continuer le combat, et acquis aux idées du général de Gaulle, dès qu'il eut connaissance de son Appel le médecin-capitaine Xavier Gillot se rallie aux Forces Françaises Libres le 28 août 1940 et adresse au médecin-général Sicé, directeur du Service de Santé de l'AEF, une demande pour participer activement aux opérations militaires et rejoindre une unité de combat. Le médecin-général Sicé lui demande de surseoir à ce désir et de continuer d'assurer pendant quelque temps encore le fonctionnement de son groupe sanitaire.

Ce n'est qu'en novembre 1942 qu'il réussira à se libérer. Il se met immédiatement en route pour Fort-Lamy, est affecté au RTST (Régiment de Tirailleurs Sénégalais du Tchad) pour servir dans la colonne Leclerc puis, nommé à Zouar, est affecté à la base avancée le 9 décembre 1942.

Il participe alors à la 2° campagne du Fezzan qui se prolongea en Tripolitaine et Tunisie, le début des opérations se situant le 22 décembre 1942.

Ses notes personnelles ont permis de suivre ce que fut exactement son parcours de Fort-Lamy jusqu'en Tunisie Fort-Lamy, Moussoro, Koro, Toro, Zouar (1620 km) puis ZouarKourizo, Uigh-elKébir (débouché le 22 à 8 heures), Gatroun, Umm-elArneb (4 janvier), Sebha (2800 km de Fort-Lamy), Braak, Sciuref, El-Qheriat, Mizda, Garian (liaison avec les Anglais), Tripoli (24 janvier), Ksar Rhilane, Gabès, Kairouan, Zaghouan.

Le 10 mars 1943, au cours d'un violent bombardement sur Ksar Rhilane. son camion sanitaire est entièrement détruit par un coup au but; il n'échappe à la mort que de justesse.

La colonne Leclerc, devenue Force L puis 2e DFL, se dirige ensuite vers le Maroc, où elle devient la 2e DB.

Le 13e bataillon médical - commandé par le médecin-commandant Monfort - est constitué. Le médecin-capitaine Gillot reçoit le commandement de la 2e compagnie du 13e BM et est affecté au GTD (groupement tactique DIO).

En avril 1944, c'est le départ pour l'Angleterre et la préparation du débarquement en Normandie que la 2e DB effectuera le le' août 1944 à Utah Beach.

Le médecin-capitaine Gillot participe à la campagne de Normandie. Le 8 août, au cours d'un violent bombardement près de Saint-James (Manche), il est blessé par un éclat de bombe mais, refusant de se faire évacuer, continue à assumer ses responsabilités. Il est promu au grade de médecin-commandant le 15 août 1944.

Il participe aux combats du Mans, d'Alençon, de Carrouge ainsi qu'à ceux de Longjumeau, à la libération de Paris le 25 août 1944, aux combats du Bourget des 27 et 28 août.

Puis c'est la direction vers l'est (campagnes des Vosges et d'Alsace) et, avec la libération de Strasbourg le 23 novembre 1944, la réalisation du serment de Koufra. Ensuite viennent les combats meurtriers pour la libération de l'Alsace entière.

À la mi-avril 1945, la 2e DB reçoit l'ordre de se porter en renfort pour libérer la poche de Royan.

Dès le 24 avril, l'objectif redevient l'est avec la campagne d'Allemagne le repaire de Hitler - Berchtesgaden est atteint le 5 mai.

Durant toutes ces campagnes, le médecin-commandant Xavier Gillot avec un sang-froid exceptionnel, une grande efficacité, avec la réserve et le calme dont il ne se départissait jamais, sut faire face à toutes les situations, même les plus risquées.

D'un  caractère ferme, il possédait un jugement perspicace et l'art de la décision. Il connaissait bien chacun de ses hommes et savait leur distribuer les missions suivant leurs capacités. Estimé de ses supérieurs et de ses subordonnés, il n'avait que des amis.

La vie outre-mer reprend en 1946 avec une affectation au Cameroun comme directeur adjoint du Service d'hygiène mobile de Yaoundé (pendant un an et demi) puis médecin-chef de la région de l'Adamaoua à N'Gaoundere jusqu'en 1949.

Après un séjour réparateur en métropole, il reçoit une nouvelle affectation et rejoint en 1950 les NouvellesHébrides (Pacifique) et Port-Vila dont il sera médecin-chef du Service de Santé. Il sera promu au grade de médecin-lieutenant-colonel le 1,' avril 1953 et rentrera définitivement en France fin 1953.

En 1954, après toutes ces années mouvementées, Xavier Gillot choisit alors de s'installer - loin de la ville et de ses turbulences - à la campagne et d'exercer ce qui était pour lui une véritable vocation, la médecine, dans un village de Beauce (Épieds-en- Beauce) qui lui rappelait les grands espaces d'Afrique ou du Pacifique. Il y trouva le contact simple avec ses malades, gagnant rapidement leur confiance et leur estime. Il s'y dépensa là aussi sans compter, selon son habitude. En 1976, atteint par la fatigue, il cesse son activité à l'âge de 66 ans.

Il n'oublia cependant jamais la France Libre et la 2e DB qui tinrent une telle a Libération et président de la section AFL du Loiret, c'est lui qui, chaque année à Orléans lors des manifestations officielles du 18 Juin, faisait la lecture de l'Appel du 18 Juin 1940, tenant par là à en rappeler l'importance .
Il fut promu au grade de médecin-colonel de réserve des TOM le 1er octobre 1958. C'est à Épieds-en-Beauce, où il vécut quarante-deux années et exerça la médecine pendant plus de vingt ans, qu'il repose désormais.


Ses obsèques se sont déroulées le 13 juin 1996 au milieu d'une nombreuse assistance composée de sa famille, ses amis et ses anciens patients. Par leur simplicité et leur recueillement, la cérémonie religieuse puis les honneurs militaires qui lui furent rendus en présence de délégations civiles et militaires et de nombreux porte-drapeau rendirent un hommage émouvant à la personnalité attachante faite de générosité, de simplicité et de réserve que fut tout au long de sa vie le médecin-colonel Xavier Gillot.


Officier de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération, le médecin colonel Xavier Gillot était également titulaire de la croix de guerre 19391945 (avec palme, étoile d'argent, étoile de vermeil), de la médaille de la Résistance, de la croix du Combattant, de la médaille coloniale (agrafes « Fezzan », «Tripolitaine » et «Tunisie »), de la croix de la France Libre, de la médaille commémorative de la guerre 1939-1945, de la médaille des blessés et de la Presidential Unit Citation.