Jean LAQUINTINIE (1909-1941) - Orléans

Né à Orléans, Jean Laquintinie, Docteur en médecine (1933) sert comme médecin-capitaine dans l'Armée des Alpes. Début 1940, il est à Douala (Cameroun) où, ayant entendu l'Appel du 18 juin, il décide de poursuivre la lutte et prend une part importante au ralliement du Cameroun à la France Libre. Il est affecté au 1er Régiment de tirailleurs du Cameroun (1er RTC) et prend part à la campagne du Gabon jusqu'en novembre 1940. Revenu au Cameroun, il est appelé par le Maréchal Leclerc pour participer aux opérations de Libye (décembre 1940). Atteint de paludisme, il n'en organise pas moins le service chirurgical de la colonne Leclerc et se consacre sans répit au traitement des blessés. Il participe à la prise de l'oasis de KOUFRA (1er mars 1941), n'acceptant d'être évacué qu'après avoir vu flotter sur le fort de la position , le drapeau de la France Libre. Evacué sur Yaoundé (Cameroun), il y succombe quatre jours plus tard d'une septicémie. Il est fait Compagnon de la Libération à titre posthume (décret du 13 mai 1941).

(d'après Dictionnaire de la France Libre, 2010).

Biographie sur le site de l'Ordre de la Libération

CEREMONIE DU  18 JUIN 2010 A ORLEANS

Discours prononcé par Monsieur Etienne JACHEET à Orléans lors de la commémoration en l'honneur de Jean LAQUINTINIE, Philippe Ragueneau et  Gontran Gauthier.

Discours d'Hommage aux trois Compagnons
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Article de presse

Bulletin municipal d'Orléans
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Article du bulletin municipal "Orléans Mag" numéro 79 de juin 2010

RESSOURCES

 

Jean LAQUINITINIE a fait l'objet d'un article de Vladimir Trouplin, conservateur du Musée de l'Ordre de la Libération, dans le Dictionnaire de la France Libre paru en 2010 aux éditions Robert Laffont

Jean LAQUINTINIE est cité dans l'article "L'AEF et le Cameroun se rallient. Par le médecin-général inspecteur Guy Chauliac" 

Article exposé au Musée départemental

de la Résistance et de la Déportation du Loiret

LES COMPAGNONS TOMBÉS AVANT LA LIBÉRATION

 

LE CHIRURGIEN DE KOUFRA


En décembre 1940, à peine Leclerc est-il arrivé au Tchad que son premier objectif est fixé; l'oasis de Koufra, perdue en plein désert, au cœur du territoire italien de Libye, à plus de mille kilomètres de la dernière base française. Tandis que la troupe se rassemble à Largeau, un télégramme part pour faoundé, à 2000 kilomètres au sud.

Adressé à Jean Laquintinie, Il va sceller son destin.

Le jeune médecin militaire était en permission. Leclerc le rappelle. Il part. A trente et un an, en poste au Cameroun depuis sa sortie del 'École de santé navale sept années plus tôt, il est à juste titre déjà considéré comme un colonial chev'ronné. A son expérience pratique, acquise sur le terrain où il anima comme lieutenant une « équipe mobile», il joint les connaissances techniques rapportées d'un stage le chirurgie accompli à Marseille, ou chacun a remarqué ses dons. Pour Leclerc, son caractère autant que sa valeur professionnelle le désigne comme médecin-chef de la fameuse «colonne» qui va entrer dans l'Histoire par les pistes africaines.

Au moment où la débâcle emportait la France, Laquintinie a entendu l'« Appel » venu de Londres et, aussitôt, il s'est tourné vers sa femme :

Tu es d'accord, j'espère ?... On continue.

Il a si bien continué que Leclerc débarquant à Douala a trouvé Laquintinie parmi ceux qui l'accueillaient après avoir activement participé au ralliement du Cameroun à la France libre; ce haut fait lui vaudra comme à d'autres d'être condamné à mort par Vichy pour avoir « trahi » ceux qui ont accepté la défaite et l'asservissement.

Le 15 février 1941, le médecin-capitaine Laquintinie rejoint donc la «colonne» déjà en marche vers le nord depuis dix jours. Il écrit alors à sa femme une lettre, probablement ramenée par un camion qui assure une liaison vers l'arrière, Sans recourir aux grands mots inutiles, elle dit l'essentiel des dures réalités :

«J'ai monté une ambulance chirurgicale à Largeau, une oasis qui se trouve à 1000 kilomètres environ au nord de Fort-Lamy... En tout cas ne t'inquiète pas... Au début, l'adaptation a été un peu dure en raison de la sécheresse formidable de ce pays. Le nez saignait et j'avais les lèvres toutes gercées, ainsi qu'une oppression formidable...

PS. Aux dernières nouvelles, il serait possible qu'on continue à monter vers l'Egypte... Il est probable que... mon retour soit assez éloigné. »

Le retour ? On n'y pense guère. Un cri retentit, de plus en plus fréquent : « Tôles ! » Pour éviter l'enlisement, il faut alors sauter du camion, jeter bas les plaques de métal que transporte chaque camion, rendues brûlantes par le soleil, pousser le lourd véhicule, récupérer les tôles et recommencer un peu plus loin. Tous les bras sont requis; comme ses compa¬gnons, le chirurgien y va de sa peine.

Le 18 février, c'est le premier engagement contre la compagnie saharienne italienne qui couvre les abords de Koufra. Laquintinie soigne, opère, réconforte ceux qui souffrent. Au soir du deuxième jour,

les Italiens battent en retraite dans le désert où les nôtres les pour¬suivent sur 150 km. dans la journée du 20.

La cuvette de l'oasis, le terrain d'aviation et le village indigène sont maintenant occupés. Reste à conquérir El Taj, le point fort que défend un bataillon obstiné et où flotte toujours le drapeau italien. L'ennemi y est bien pourvu d'artillerie. Les hommes tombent.

Pendant les dix jours du siège, le docteur Laquintinie demeure sans faiblir à la tâche.

Pourtant le paludisme dont il souffre et qu'il a toujours traité « par le mépris», en bon colonial, l'a repris. De plus, en opérant dans ces condi¬tions précaires, il s'est blessé à la main. La fièvre, d'abord sournoise, le tourmente, dans cette chaleur accablante, inhumaine, qui écrase les combattants, les blessés, les malades.

Lui-même refuse de se laisser évacuer. Pour ne pas abandonner « ses » blessés, sans doute aussi pour voir de ses yeux flotter les couleurs françaises sur El Taj.

Le 25, le drapeau italien disparaît. Mais c'est un de nos obus qui l'a abattu et la résistance continue. Enfin, le 1er mars, à 8 heures du matin, El Taj se rend. Le drapeau à Croix de Lorraine monte lentement sur l'ouvrage.

 

C'est alors que Leclerc, face à ses hommes figés au garde-à-vous, pro¬nonce le serment de Koufra : - Nous jurons de ne nous arrêter que lorsque le drapeau français flottera aussi sur Metz et sur Strasbourg.

Laquintinie accepte maintenant d'être ramené au Cameroun. Trois jours plus tard, le 4 mars, il est de retour à Yaoundé. Hélas ! à ceux qui tentent de le sauver, un coup d'oeil a suffi pour se convaincre qu'il est trop tard : la fièvre qui terrasse le chirurgien de Koufra n'est pas due au seul paludisme, mais à la septicémie qu'il a contractée en opérant. Il mourra le lendemain de son hospitalisation.

Expert, il avait pris « son risque ». Soldat de la France libre, il payait de sa vie les termes du serment.